Une filière BIO sous tension

La rémunération des producteurs est en berne et les conversions s’effritent. En cause : une demande sur estimée. Malgré une communication ciblée, de nombreuses ouvertures de gammes et des points de vente répartis ; la consommation ne prend pas, ou pas assez.

Pour la filière, la raison est claire : l’aide des pouvoirs publics ne cible que l’installation. L’agriculteur serait donc bien démuni après sa conversion. Lorsque le soutien est relâché, la production se retrouve livrée aux fluctuations du marché : de la viande aux céréales en passant par les légumes, le vin et les produits laitiers. Par rapport à 2022, la baisse du marché 2023 est annoncée à plus de 271 millions d’euros, principalement liée à la baisse de valeur des ventes.

Le plan d’urgence du printemps 2022 destinées aux producteurs bio n’a pas suffi. L’enveloppe de 60 millions d’euros ne comble pas les 100 millions d’euros de demandes. Tandis que l’aide à la conversion, dont l’enveloppe dépasse les 340 millions d’euros, n’a été consommée qu’à hauteur de 150 millions d’euros. Les fédérations et syndicats dénoncent ce décalage comme un gâchis pour la filière. La rentabilité est donc impactée par une consommation en récession auquel s’ajoute l’inflation sur les produits alimentaires et la flambée des coûts de production. Certains dénoncent une « sur évaluation de la demande » avec des pouvoirs publics qui veulent aller trop vite.

Les structures qui performent sont en circuit courts : + 4% des ventes en 2022 quand le marché global reculait de 4.6% dans le même temps. Ces chiffres sont une preuve de l’étroitesse du marché. Sa performance repose sur une fenêtre étroite et une régulation forte. Et si sa mise en place est dopée, l’écoulement des produits doit l’être aussi.

En attendant, la filière mise sur la communication pour inciter la vente du coté du consommateur et la conversion du coté du producteur. Car la pression des objectifs de la Commission Européenne se fait sentir. En 2022, les surfaces Bio représentent 10.7% alors qu’elles devraient être déjà à plus de 12%...