Les légumes de mon pays

Mais qu’en est-il réellement de la consommation française ? Un mode de production vertueux est-il extensible ? En tout cas, ni pour tout de suite, ni partout.

Si la France est une référence sur de nombreuses productions agricoles, ce n’est pas le cas de la production de légumes. L’autonomie n’est pas en vue.

En 2022, on observe un recul de 22% des surfaces productrices. L’importation des conserves concerne 57% de la production, et 26% pour les surgelés. Le déficit de la balance commerciale se chiffre à 1,4 milliards d’euro.

Les grandes exploitations, mal vues par la société se font discrètes et se renouvellent très peu. Il fait bon vivre ailleurs. Les petites exploitations, elles, ont explosées. Pour un temps seulement car en misant sur les mêmes débouchés de niche que sont les circuits courts, les marchés de producteurs etc… Le marché s’est retrouvé saturé et les exploitations peu rentables. La restauration a été fortement impactée par la gestion de la crise sanitaire car les habitudes des Français s’en sont retrouvées modifiées. En moyenne, le français cuisine de plus en plus.

Les légumes de qualité sont donc bien recherchés et appréciés du consommateur. Cependant la demande reste stable quand l’offre a augmenté. Et les envies des consommateurs ne se reflètent pas dans leurs achats. C’est le prix qui est le premier critère des ménages. La concurrence est rude avec les pays étrangers dont les coûts de production sont souvent bien inférieurs.

Ces coûts de production se mesurent à la taille des exploitations mais aussi à la maitrise de la main d’œuvre. Car la mécanisation de nombreuses étapes de production n’est financièrement ou logistiquement impossible. Et la main d’œuvre c’est exigeant. Même en Europe, certaines situations sont plus propices à l’entente tant du côté de l’employé ou de l’employeur qu’en France.

Enfin, plus largement dans le monde, la production de légumes repose majoritairement sur le modèle de l’agriculture vivrière. Une production pour tous, locale, non polluante, industrialisée, juste et rémunératrice est-elle possible ? Il faudra peut-être trouver quelques compromis.

Lucille de Juvigny