Le vin, pas assez sophistiqué ?

Un marché se renouvelle, s’adapte. Il évolue conjointement avec la société.

La filière viticole s’engage dans un tournant : quelle stratégie adopter quand la consommation de vin diminue à vue d’œil sur le territoire aux 1000 appellations, le vignoble français ?

Le consommateur devient plus sophistiqué. Les appellations qui rassurent sont parfois délaissées pour les concepts qui amusent. Récemment, on a pu observer cette tendance avec le vin naturel. Si ce mode de production a favorisé de nombreux progrès techniques, ce marché reste une niche. Il s’intègre parfaitement dans les tendances de consommations alimentaires françaises.

La tendance de la consommation de vin des générations d’actifs tend vers les concepts plus que la tradition. C’est une véritable révolution culturelle.

Pour les vendanges 2024, la filière prévoit de réduire de 13% la surface du vignoble français afin de maintenir les prix. Nos voisins européens souffrent de la même tendance. Et l’Union Européenne prend ce sujet au sérieux en prévoyant des aides à l’arrachage.

De nouveaux concepts émergent : la cannette, par exemple. Elle est une hérésie pour les amateurs et pour les Français en général. Mais, elle génère un certain engouement, notamment chez nos voisins européens. En France, la vente de vin en canette a progressé de 3,2% entre 2021 et 2022. La filière sait qu’elle devra user de beaucoup de communication pour habituer le français et dédramatiser la canette. Les arguments touchent en plein cœur une cible sophistiquée. Le public qui se veut moderne et cherche à casser les codes préfère les vins jeunes, dans des emballages amusants et qui ne nécessite pas de protocole lors de sa consommation. Evidemment, la canette présente un atout écologique car elle est facilement recyclable en France.

Evidemment le consommateur habituel aime toujours l’appellation, la tradition. Et il représente toujours la plus grosse part des consommations de vins. Il est simplement moins remplacé par la génération suivante. Et ça, le vignoble doit déjà l’anticiper…

Lucile de Juvigny